réalisation mirabelle fréville + montage image & son denis le paven + musique et son additionnel margarida guia + création graphique anne caminade +mixage vincent pessogneaux – nomades productions
Produit par adeline le dantec, Les 48eme rugissants et sylvie balland, En roue libre avec l’aide à l’écriture et à la réalisation de la Région Bretagne, le soutien de la bourse Brouillon d’un rêve de la SCAM, en co-production avec viàVosge avec la participation du CNC et les donateurs du financement participatif pro arti -Bourse Dynamo Culturelle – Rennes Métropole, Le film est soutenu par les associations Sortir du Nucléaire Ile et Vilaine, le Mouvement de la Paix.
Il a été diffusé sur la chaîne viàVosge en février 2020 et sur France 3 en avril 2020.
Sélectionné dans un vingtaine de festivals dont le Festival International de cinéma documentaire de Nyon en Suisse en avril 2020, où le film a retenu l’attention de la revue de cinéma en ligne Polyester que vous pourrez lire ici :http://www.lepolyester.com/entretien-avec-mirabelle-freville/
Pour toute diffusion en salle ou projection-débat, veuillez contacter
En roue libre (+33) 2 99 35 53 80 enrouelibre@orange.fr
Pour les festivals
Natalia gomez 48°Rugissants (+33) 9 53 88 90 95 contact@48rugissants.com
Résumé du film
Un gros plan sur les bras et le visage blessés d’une femme. Un clap indiquant « Hiroshima- April 5th – Akira Mimura ». Un plan fixe d’un mur perforé par des morceaux de verre et de ferraille. Un second d’une horloge à la vitre cassée, les aiguilles arrêtées sur 8h13.
Ce sont les premières images de la bobine 11004 qui contient dix-neuf minutes de rushes tournés en 16 mm dans des centres médicaux d’Hiroshima et de Nagasaki, quelques mois après l‘explosion atomique.
Comme des naturalistes, les cameramen enregistrent les traces de la bombe sur les murs, sur les objets, sur les hommes, les femmes et les enfants que les médecins et infirmières soignent dans ces hôpitaux de fortune.
Les images sont parfois crues, les plaies encore à vif.
La bobine est muette et en couleurs. En Kodachrome exactement, cette pellicule très contrastée avec des colorations quelquefois saturées dont le rouge est la couleur dominante et le grain très fin. La texture frappe, interroge. Le sentiment de réalité mais aussi d’irréalité qu’elle provoque est extrêmement troublant, la couleur nous rapprochant de ce qui est filmé.
Et des questions surgissent. A quelle fin ont été filmés les blessés et les dégâts de la bombe ? Pourquoi ces rushes sont-ils en couleur alors que la plupart des images tournées après les explosions atomiques sont en noir et blanc ?
Pourquoi ces images semblent absentes de notre mémoire collective ? Ces négatifs avaient-ils disparu ? Les avait-on dérobés ? Voire cachés ?
Le film rélèvera les secrets de « la bobine 11004 », aujourd’hui conservée à Washington dans la cinémathèque des Archives Nationales Américaines.
Depuis Hiroshima, le nucléaire est une succession de non-dits et de mensonges, ce film en sera le témoignage.
Close-up on a woman’s wounded arms.
A slate on which is written “Hiroshima”, “April 5th” and “Akira Mimura”.
Then, a (still) shot of a wall with bits of glass and scrap in it, then a clock, its hands stuck on 8.13am.
These are the first pictures of reel 11004, which contains 18 minutes of rushes filmed in 16mm at a medical centre in Hiroshima, a few weeks after the atomic bomb.
The cameraman filmed traces of the bomb: on walls, objects, children, women and men being cared for by doctors and nurses in the small hospital. Some of the pictures are shocking, the wounds are still exposed.
The film is silent and in kodachrome, which is a type of film in which the colours are saturated, red is dominant and the GRAIN very fine. Because it is in colour, it creates a troubling feeling of reality and unreality and in a sense, brings us closer to what is being filmed.
Why is this film in colour when most of what was shot after the Hiroshima and Nagasaki bombings was in black and white? Had the negatives disappeared, coloured in, stolen or even hidden?
The film will reveal secrets about reel 365, which is kept nowadays at the National Archives in Washington, DC.
Ever since Hiroshima, all that concerns nuclear technology is a succession of secrets and lies. This film is here to testify.
Faits
En 1946, une équipe envoyée par l’armée américaine tourne 81 bobines de films sur les effets des deux bombes atomiques. Sur les quatre opérateurs, un seul est japonais. Akira Mimura a été choisi pour faire partie de cette mission car il parle couramment l’anglais et a travaillé à Hollywood comme opérateur pendant plusieurs années avant de revenir au Japon en 1934.
Avec ses trois autres confrères, il a pour mission d’enregistrer tous les effets de la bombe atomique, enregistrer au sens de « constater ».
Les films sont en couleur mais ne sont pas sonores. Aucune interview de survivant, ni de personnalité, témoin de la catastrophe n’a apparemment été souhaitée.
Juste après leur tournage, les 81 bobines sont envoyées aux États-Unis pour être développées. Confisquées par l’armée américaine, elles seront classées « secret défense » pendant 40 ans. Ces « pièces à conviction » ont été délibérément censurées car elles étaient des preuves matérielles de l’horreur de la bombe.
Elles ne seront « déclassifiées » que dans les années 80.
Details about the reel
In 1946, an American team shot 81 reels of film about the effects of both atomic bombs. Out of the four cameramen, only one was Japanese. His name was Akira Mimura and he was chosen for this mission because he could speak English fluently and had worked in Hollywood as a cameraman for a few years before returning to Japan in 1934.
With his three other colleagues, he recorded all the effects of the atomic bomb. The films are in colour but without sound. Interviews of survivors, celebrities or witnesses of the catastrophe during or after the explosion weren’t requested.
All 81 reels were sent to the US just after they had been shot. Confiscated by the US army, they were classified for 35 years. This “evidence” was deliberately hidden for it was proof of the horror the atomic bomb could cause.
Intentions
Je réalise, je programme et je suis aussi documentaliste. Je recherche des archives inédites mais aussi des archives brutes. Et ce que je préfère découvrir, ce sont les rushes. Le cameraman y filme tout ce qui lui paraît important ou qui le touche, bien plus qu’il n’en faut pour nourrir le film ou le reportage final. Les plans ne sont pas montés et ne sont pas sonores. Après l’amorce, le logo de la pellicule utilisée précise l’époque. Les claps entre chaque scène donnent des indications précieuses sur le tournage.
Parce que je trouvais passionnant de travailler à partir de rushes et parce que le sujet me touchait profondément, dès que j’ai découvert la bobine 11004, j’ai eu envie d’en faire un film.
Et j’ai commencé à enquêter.
J’ai très vite appris l’existence d’autres bobines tournées par la même équipe. J’en ai visionné plusieurs mais je revenais toujours à la bobine 11004. Elle était truffée d’indices sur les traces réelles et symboliques de la bombe, à Hiroshima comme à Nagasaki, et riche d’informations sur la prise en charge des malades et les séquelles médicales postatomiques, sujets que je voulais traiter. Bien qu’éprouvante, elle n’était pas choquante. Je décidais de faire le film avec elle seule.
Le film reprendra une grande partie des 19 minutes d’images filmées. Seules quelques images d’archives seront ajoutées. Il n’y aura pas d’interview filmée de hibakusha (survivants) ou de témoin, nous entendrons seulement la voix d’un des membres de l’équipe de tournage.
Le film sera construit selon une logique d’enquête où la bobine est explorée et analysée à l’aide de textes courts. Chaque texte donnera des informations sur la nature de ces rushes, leur sujet, leur histoire. Un à un, ils révéleront les raisons de leur tournage et de leur censure. Les écrits dont je m’inspirerai seront de natures diverses : extraits de presse, analyses d’historiens, slogans politiques, témoignages de médecins, de victimes, de commanditaires du film ainsi que des cameramen et des autres membres de l’équipe de tournage.
Les textes récoltés préciseront les images et apparaîtront à l’écran selon une dramaturgie précise. Au début du film, des énoncés factuels donneront le contexte de ces rushes et de leur tournage, puis les mots iront au-delà de la réalité présentée par les images pour s’attacher aux raisons de leur disparition et aux répercussions de leur absence. Enfin, ils feront place aux réflexions médicales et philosophiques, qui nous mèneront au message politique qui en a découlé et qui conclura le film.
La mise en page et l’habillage des textes seront réalisés par l’artiste infographiste Anne Caminade.
Ensemble, nous concevrons la mise en scène de l’apparition des écrits. Alors que les images ont toujours la même texture, les modes d’apparition des textes et la taille de la typographie varieront en fonction de leur nature : en surimpression à la manière des films tracts, intercalés entre deux plans ou intégrés dans l’image même.
Le film étant muet, la bande-son aura une place prépondérante.
La bande-son nécessitera aussi des reconstitutions sonores pour venir redonner vie à certains détails des activités dans l’hôpital. Certains sons, à définir, seront essentiels et mis en avant par un sound designer et un bruiteur.
Intentions
The film is built like an investigation during which the reel is explained through short texts. It’s the point of view of an archivist trying to understand the nature of these rushes, and has most of the 18 minutes of film from the reel. There isn’t another footage or interview of a witness or historian.
Each text gives information about these rushes. Why they were shot, for whom, what happened to them, why they were hidden. One by one, the reveal the reasons why they exist and were censored.
I used different sources to document the texts: press cuttings, historical analysis, testimonies by doctors, victims, and the cameramen who shot the film. As the film progresses, the messages become less matter-of-factly and more political.
The layout and graphics are created by the artist and graphics designer Anne Caminade who often works with the François Levy-Kuentz, filmmaker. She will create a typography especially for the film;
Together, we will work on the way the texts appear during the film. The images will have the same texture but the texts will appear in the picture differently depending on their nature: overprinted, inserted between two shots, or incorporated in the picture.
The sound track will be very important seen as the film is silent.
The original score will be written by Olivier Mellano, a musician from Rennes who has already worked for animated and fiction films. Olivier plays the guitar and is very “rock”, I would like for him to blend in very contemporary sounds with traditional Japanese music and traditional Japanese instruments such as the biwa and the jushichigen. I expect the music to create a sort of tension, like in his song The Best death from his latest album, Mellanoscope.
The soundtrack will need sound reconstructions to bring certain activities of this hospital back to life, so we might work with a professional sound effects artist. Some sounds will be dominant and will have to be defined.
The film’s purpose is to visit a past that haunts the present to denounce the lack of transparency from those who manage atomic energy.
Presse